Domaine de Déva : un espace naturel protégé

Le Domaine de Déva s’inscrit au sein d’un vaste espace naturel protégé, comprenant tout à la fois la forêt sèche (au cœur du Domaine de Déva), les herbiers le long de la plage de Poé et une partie de la Zone côtière ouest, autour des récifs de Gouaro-Déva, qui est inscrite depuis 2008 au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.

> La forêt sèche : le joyau vert de Déva

La forêt sèche de Gouaro, qui occupe la frange côtière et quelques collines intérieure, est la plus grande de Nouvelle Calédonie ; ce qui lui confère une valeur écologique inestimable.

Le terme de « forêt sèche » s’applique à des ensembles forestiers qui se développent sous un climat sec (moins de 1 100 mm de pluie par an).
Considéré dans le monde comme l’un des écosystèmes les plus intéressants sur le plan biologique, il est aussi, malheureusement, un de ceux dont la disparition est imminente.

 

Situés principalement sur la côte Ouest de la Nouvelle-Calédonie, jusqu’à 300 ou 400 m d’altitude, ces ensembles forestiers sont soumis aux alizées desséchants et à la saison sèche pendant six mois de l’année. Si la forêt sèche couvrait à l’origine environ 4500 km² du territoire, elle n’en occupe plus désormais que 2% de sa surface originelle.
En Nouvelle-Calédonie, la forêt sèche accueille près de 450 espèces végétales, dont 60% sont endémiques. Elle sert aussi de refuge à une importante faune constituée d’insectes, de mollusques, de reptiles et d’oiseaux. Certaines des espèces qu’elle hébergeait ont déjà disparu à cause de l’urbanisation, de l’élevage, de l’agriculture, des feux de brousse et de l’introduction d’espèces envahissantes.

La forêt sèche du Domaine de Déva en chiffres :

  • 1 700 hectares
  • 72 espèces végétales
  • 38 espèces d’oiseaux
  • 11 espèces de lézards
  • 58 espèces de papillons et d’escargots dont le Bulime

La conservation de la forêt sèche à Déva

Le Conservatoire d’Espaces Naturels (CEN) de Nouvelle-Calédonie, la Province-Sud (propriétaire du site) et la SEM Mwe Ara (gestionnaire du site) ont fait le choix de mutualiser leurs moyens pour la conduite d’un programme d’actions qui fait de Déva un site majeur pour la protection et la restauration des forêts sèches de Nouvelle-Calédonie :

  • Protection et restauration
  • Lutte contre les espèces envahissantes animales et végétales
  • Prévention des incendies
  • Amélioration des connaissances (faune, flore, etc.)
  • Information et sensibilisation

C’est ainsi qu’en 2016, une barrière de “mise en défend” a pu être réalisée par le CEN sur Déva pour protéger 300 ha de forêt sèche et 100 ha dédiés à la restauration active (plantation).
Dans la forêt sèche de Déva vous pourrez admirer quelques espèces endémiques rares et menacées telles que l’imposant Droopy (Acropogon bullatus) avec ses feuilles tombantes caractéristiques. Vous pourrez aussi croiser le discret mais néanmoins sublime Diospyros minimifolia avec ses milliers de petites feuilles cirées.

Par contre, si vous croisez un arbre au tronc taché de goudron, admirez-le mais ne le touchez-pas. Il s’agit du Goudronier (Semecarpus atra), arbre endémique mais très allergène.
Parmi les arbres les plus majestueux, vous rencontrerez le Raporé (Mimusops elengi) et son cousin le chêne gris (Planchonella cinerea) que vous reconnaitrez tous deux à leurs écorces profondes et à leurs tailles imposantes.

> Une inscription au patrimoine mondial de l’humanité !

Certaines zones du lagon et des récifs de Nouvelle-Calédonie, longs de 1600 km sont inscrits depuis 2008 au Patrimoine Mondial de l’Humanité (UNESCO).

L’UNESCO a voté le 7 juillet 2008 l’intégration d’une partie du lagon calédonien au patrimoine mondial de l’humanité. Il s’agit de 41 000 hectares répartis sur 6 grands sites répartis en 14 aires marines, soit environ 1% de la surface lagunaire totale.

  • Zone côtière ouest (dont les récifs de Gouaro-Deva)
  • Zone des récifs d’Entrecasteaux
  • Zone du Grand Lagon Nord
  • Zone côtière Nord et Est
  • Zone d’Ouvéa et Beautemps-Beaupré
  • Zone du Grand Lagon Sud

Le 20 mars 2009, la province Sud a adopté son code de l’environnement qui constitue désormais une réglementation environnementale lisible et moderne axée sur la protection des écosystèmes et des espèces menacées ainsi qu’un plan d’action de développement durable qui détaille neuf axes stratégiques. La biodiversité marine de l’archipel est exceptionnelle avec 9372 espèces identifiées. Nous sommes dans un véritable sanctuaire…
À Poé, le comité de Gestion de la Zone Côtière Ouest est actif depuis 2008.

> L’herbier : un espace 100% naturel !

Les plages le long du Domaine de Déva sont peuplées par un écosystème très important : les herbiers. Constitués de plantes marines appelées les phanérogames, ceux-ci servent d’habitat pour de nombreuses espèces qui y trouvent nourriture, refuge et lieux de ponte.

Ces plantes à fleur poussent sous l’eau et déploient leurs racines dans le sable. Les algues, quant à elles, ne font pas de fleur et se cramponnent sur le sol. Souvent qualifiés de « poumons de la mer », les herbiers sont aussi l’habitat des tortues vertes qui viennent brouter ces prairies sous-marines.

>> Gouaro-Deva et les « grosses » espèces animales

Le plus important site de ponte des tortues «grosse tête» Caretta caretta se situe sur le littoral de la commune de Bourail (plage de la « Roche Percée »). Cette population calédonienne représente entre 10 et 20% de la population totale du Pacifique.

Près de 150 nids sont creusés chaque année par les tortues. Les contrôles réalisés sur les nids après émergence ont prouvé qu’au moins 70% des œufs pondus ont donné naissance à une jeune tortue susceptible de rejoindre l’océan, ce qui est un taux tout à fait satisfaisant.

 

 

C’est aussi exclusivement dans les roches de la baie des tortues que vivent quelques spécimens de la langouste de Bourail Panulirus homarus. Il s’agit d’une petite population. C’est une langouste de roche à vaste répartition dans le Pacifique mais inféodée à un habitat très restreint en Nouvelle-Calédonie. L’ensemble des passes de la côte Ouest constitue également des habitats importants pour le dugong puisque des agrégations répétées ont été constatées sur plusieurs jours.

Zone côtière ouest (dont les récifs de Gouaro-Deva)

Cette zone protégée est située sur le domaine public maritime de la province Sud et sur le domaine marin des communes de Bourail, Moindou et La Foa. L’aire marine est limitée vers la côte par la laisse des plus hautes eaux, vers le large par l’isobathe 100 m après le tombant du récif barrière, au nord par la passe du Cap Goulvain et au sud par la passe d’Isié.
La superficie de l’aire marine de la Zone Côtière Ouest faisant partie intégrante du bien inscrit au patrimoine mondial atteint 482 km2 (48 200 ha). Les zones « tampon » marines et terrestres couvrent respectivement une superficie de 325 km2 (32 500 ha) et 1 713 km2 (171 300 ha).
Les extrémités Nord et Sud de la Zone Côtière Ouest présentent des mangroves particulièrement bien développées. La baie de Bourail, située en position centrale, est caractérisée par une large ouverture dans le récif barrière permettant aux houles de venir se fracasser directement sur l’un des rares faciès rocheux du littoral calédonien. Cette zone, comprend quatre aires marines protégées qui se caractérisent par divers sites remarquables et notamment : la faille de Poé, qui est une saignée très étroite dans le récif et le lagon au nord de la baie de Bourail. D’une profondeur moyenne d’environ 20 m, cet ancien lit de rivière constitue un petit canyon parcouru par de violents courants et fréquenté par de nombreux et gros requins ainsi que par des espèces pélagiques.

Á Gouaro Deva se trouve notamment une mangrove avec de beaux peuplements d’Heritiera littoralis et d’Excoecaria agallocha le long d’un petit estuaire très étroit recoupant un ensemble de cordons littoraux. On y observe une multitude d’amas coquilliers anciens (lumachelles). Une formation de mangrove de 27 ha, en très bon état de conservation, se situe à l’embouchure de Déva et de Temrock. Les espèces végétales y sont communes à celles de la zone Pacifique mais son rôle de refuge important pour l’avifaune en fait un site d’une grande valeur écologique.
Les récifs sont essentiellement constitués de récifs barrière situés à une faible distance de la côte dont ils sont séparés par des fonds de sables grossiers peu importants et très peu peuplés par les poissons. Les récifs frangeants et intermédiaires sont peu développés, les premiers étant la plupart du temps dans des eaux turbides. Les échanges entre les différents récifs sont facilités par la faible profondeur et l’existence de pâtés coralliens épars qui servent de relais de colonisation.

• Récifs de Nouvelle-Calédonie, longs de 1600 km
La deuxième plus grande barrière récifale

Ce récif, d’une longueur de 1 600 km, deuxième après la grande barrière australienne, délimite un lagon de 23 400 km2 d’une profondeur moyenne de 25 à 40 mètres. Les récifs se trouvent en moyenne à 30 kilomètres de la côte, avec un maximum de 200 kilomètres aux récifs d’Entrecasteaux. Globalement, les récifs coralliens sont en bonne condition car ils subissent une faible pression humaine.
Le complexe récifal est unique au monde en ce qu’il est « autostable » dans l’océan et encercle l’île de Nouvelle-Calédonie offrant une variété de formes diverses d’exposition océanique, notamment des courants chauds et des courants froids. On estime le nombre des espèces à plus de 1200 éponges et coraux, 2500 poissons, 6500 mollusques, 4000 crustacés et 3 types de tortues. Parmi les espèces les plus menacées, on citera les dugongs, les baleines et les tortues marines.